Imaginez vivre dans un contexte où tout est hostile à votre existence, à votre liberté, à votre volonté. Imaginez que la guerre peut-être s’invite dans votre quotidien, qu’autour de vous la terreur, chaque jour, gagne du terrain. Que feriez-vous ? Si tout ce que vous possédiez n’était que la force de vos jambes et votre instinct de survie pour avancer.C’est ce que font ces femmes qui prennent les chemins de l’exil, elles avancent face au vent, elles zigzaguent, elles se cachent, elles attendent, elles repartent. Elles bravent les courants, les déserts et les dangers. Elles cherchent désespérément et coûte que coûte, la sortie de secours d’une vie incertaine et chaotique.Elles espèrent qu’une autre vie est possible pour elles, un avenir tout simplement.Ces femmes qui souvent fuient l’excision, la guerre, le mariage forcé, vont encore connaître sur leurs routes jusqu’ici en Europe, les viols, le trafic d’êtres humains, le racisme, la misère, la violence institutionnelle. Quelle quantité d’atrocités un être humain peut-il supporter ?Ces multiples violences, quand elles sont spécifiques aux femmes, sont appelées les violences de genre et sont indissociables de l’expérience d’une femme en migration. C’est un véritable parcours de combattante. Survivre à ces épreuves ce n’est pas juste faire preuve de résilience. C’est de la résistance. Ces femmes ne sont pas les victimes de leurs histoires, elles en sont surtout les actrices. Elles font preuve de force, d’ingéniosité, de détermination, de courage.Personne ne peut comprendre le poids et la profondeur de leurs traumatismes. Mais partout dans le monde, des femmes se révoltent contre les traitements inhumains infligés à d’autres femmes. Cette solidarité a un autre prénom: Sororité.Ce mot qui ronronne sur la langue quand il est prononcé, comment l’expliquer ? Est-il seulement le double féminin du mot fraternité ? Ou gronde-t-il autre chose dans le ventre de ce mot, une puissance salvatrice, une dimension éminemment politique.C’est une lutte sans répit de refuser l’écrasement du racisme et du patriarcat. Alors dans ce monde qui n’est pas fait pour les femmes, qui ressemble parfois à un parcours d’épreuves sexistes, se dresse la Sisters’ House, comme un château où les femmes sont reines. Sur la porte du pont-levis serait écrit « Ici s’arrêtent les violences de genre, et commence le repos des guerrières.»Bienvenue à la Sisters’ House.Lien et références : “Les damnées de la mer”, Camille Schmoll, Editions La Découverte, 2020“Sororité : la solidarité politique entre les femmes”, bell hooks dans “Black Feminism. Anthologie du féminisme africain-américain” de Elsa Dorlin, Editions L’HarmattanRéalisation : Anna Galy & Naïké GarnyIllustration : Delphine FrantzenMusique : Dragan GoolaertsMixage son : Cédric VanstraelenUne production We Tell Stories et LiquidSky Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.